Le banquier central français a désigné trois "lignes de défense" pour renforcer la zone euro contre les chocs futurs. D'une part, les marchés et les services devraient être davantage intégrés en Europe pour mieux absorber les pertes potentielles sans faire appel aux contribuables. Les gouvernements nationaux ont eux à réformer leurs économies pendant que la conjoncture reste au beau fixe. Ensuite, les gouvernements doivent dégager des marges budgétaires permettant de mieux absorber les coups durs,
Le libéralisme déséquilibre l'économie Européenne, la solution c'est plus de libéralisme …
De très très joli tacles :
Dans une situation désespérée pour la France : […] le déficit augmente alors qu'augmentent les impôts, le chômage augmente, le niveau de vie baisse, les inégalités augmentent etc. Je ne pouvais pas imaginer que dans ce contexte on ai, je n'ose pas dire le courage mais la «force de non-caractère» de ne rien faire. Pour moi qui me considère comme un être humain normal [François Hollande] est un personnage hors du commun : il y a chez lui une volonté de ne pas exister qui défie ce que je peux imaginer.
Dans une autre partie de l'émission :
Je suis très coupé de l'establishment, c’est-à-dire des gens qui décident, et que je les considère quand même globalement comme des gros ignares qui n'ont aucune conception de l'Histoire. […] Pour moi Hollande est quand même un peu bas de plafond en géopolitique, Laurent Fabius c’est Rantanplan qui court d'erreur en erreur. Je ne comprends pas comment Moscovici peut être ministre de quelque-chose.
Enfin, dans la 3ème partie de l’émission il répond à une question qui l'accuse de faire le jeu du Front National :
Question du journaliste : «Vous soulignez directement ce que Marine Le Pen […] appelle l'État UMPS […] c'est ça que vous venez d'expliquer».
Réponse d'Emmanuel Todd : «Écoutez, il y a une phrase célèbre utilisées 1000 fois: “ce n'est pas parce qu'Hitler disait que l'Angleterre est une, que l'Angleterre n'était pas une île”. Je suis navré le premier de la position que le Front National a fini par occuper dans le dispositif idéologique français. Mais quand même vous n'allez pas dire que c'est de ma faute !
Journaliste : «Non, mais il dit la même chose que vous quand il dit en gros tous pourri tous complices …»
Todd : «Mais si c'est vrai ! Qu'est-ce que vous voulez que j'y fasse ? C'est pas de ma faute !»
[…]
Todd: pour moi, si on va au bout du bout, toute cette histoire c'est le théâtre de l'establishment, c'est pour amuser la galerie. On en fait un fromage, on veut nous faire croire que c'est ça la politique en France. C'est pas vrai, la politique en France c'est «qu'est-ce qui se passe en Europe ?», pourquoi est-ce que tant d'États européens sont en cours de désintégration ? Pourquoi-est-ce que le niveau de vie baisse ? Pourquoi est-ce que ce groupe dirigeant qui est assez unifié maintenant, sont incapable de se mettre autour d'une table et honnêtement de se dire «ah la la, mais quand même on a merdé avec l'Euro, ça marche pas du tout il va falloir sortir de ce merdier». Ça c'est grave pour moi c'est vous qui êtes grave sur le plan démocratique, qui êtes là a nous emmerder avec une petite histoire stupide de combine politique, et à ne pas parler, à refuser de parler, de la principale raison pour laquelle la France va si mal, c'est vous qui êtes responsables»
Un article intéressant sur la question de la dette (publique et privée) dans le cas d'une sortie de l'Euro.
Une grosse erreur dans cette phrase par contre:
Le système financier mondial serait complètement gelé, avec des trilliards d’euros coincés dans un vide juridique
Confusion avec les «trillions» de l'échelle courte (utilisée aux États-Unis) qui valent 1012, en Français on parle de «billions» parce qu'on utilise l'échelle longue. Un trilliard c'est une quantité astronomique : 1021, bien trop grand pour exprimer des grandeurs économiques.
Ça me fait toujours marrer ce genre d'article.
Le retour au franc est le pilier d'un programme économique qui prévoit, entre autres, retraite à 60 ans, maintien des 35 heures, abrogation de la loi El Khomri, préférence nationale... Jugé cataclysmique par les analystes, ce projet implique plus de 100 milliards de dépenses supplémentaires. Il amputerait le potentiel de croissance de 2 à 2,5 points de PIB et, loin de générer de l'emploi via le protectionnisme, il en détruirait près de 500.000.
Les «analystes», toujours catégoriques dans leur prévisions, diseuses de bonne aventure des temps modernes. En pratique, la prévision économique ne marche jamais, ou en tout cas, pas significativement plus souvent que si on faisait un pronostique au hasard. D'ailleurs tous les candidats aux élections sont accompagnés par des économistes qui sont tous persuadés que leur programme économique va sauver le pays tandis que celui des autres candidats va échouer. Ce simple fait devrait suffire à ramener les prévisionnistes économiques à plus d'humilité, mais non ils n'en démordent pas : leur discipline est une science et elle est capable de prédire l'avenir …
Ce que je trouve encore plus dingue c'est quand les journalistes font des raisonnements économiques de comptoirs, comme ici :
À cet égard, un retour au franc provoquerait une dévaluation instantanée de 15 à 20 %, une forte hausse de l'inflation issue des produits d'importation comme des crédits aux particuliers et aux entreprises, des menaces sur l'épargne des ménages.
Je ne sais pas d'où vient cette légende urbaine comme quoi une dévaluation entraînerai mécaniquement de l'inflation, mais en tout cas elle a la vie dure malgré les nombreux contre-exemple dans le monde réel :
La dernière période de dévaluation qui a touché la France n'est pas très vieille, elle a eu lieu entre juillet 2014 et mars 2015, l'Euro a perdu plus de 20% de sa valeur (passant de 1.36$ pour 1€ à la quasi-parité 1.06$ pour 1€). À titre personnel, j'ai été pas mal touché par cette dévaluation, parce que je vivais alors aux États-Unis avec un salaire versé en Euro, mais il n'y a eu aucun impact sur l'inflation en Europe à cette époque Source, dévaluation Source, inflation.
On pourrait me répondre que la zone Euro est une énorme zone économique, et qu'elle influe directement sur les prix (et ne se comporterai donc pas pas en «price-taker», mais en «price-setter» du fait de son poids économique), ou encore que cette dévaluation a été progressive (9 mois de déclin) et non pas brutale comme le serait un retour au Franc. Ces arguments sont pertinents et on va donc s'intéresser au cas de la Grande-Bretagne depuis le Brexit.
Là, la situation est très semblable à ce qui arriverait en cas de sortie de l'Euro par la France (dans sa chronologie au moins, les chiffres pourraient être encore plus importants dans le 2ème cas, mais la dynamique serai vraisemblablement similaire) : entre le 23 et le 24 Juin 2016, en 1 nuit la Livre Sterling perds 8% de sa valeur (de 1.49$ pour 1£ à 1.36$ pour 1£) pour se stabiliser à 12% en dessous de sa valeur initiale au bout d'un mois, puis les deux premières semaines d'octobre son cours perds encore 6% de sa valeur et se stabilise à 1.23$ pour 1£, soit 17% de dévaluation par rapport au dollar relativement à la situation d'avant Brexit (par rapport à l'Euro, la dévaluation est d'un peu plus de 10%). On est déjà dans la catégorie des grands bouleversements de cours, et tous les investisseurs étrangers ont perdu des milliards en un temps très bref : si je suis un fond d'investissement immobilier propriétaire d'un portefeuille de biens à Londres, celui-ci a perdu 17% de sa valeur en 6 mois par rapport à un investissement réalisé en dollar. Pas cool.
Voyons maintenant comment réagit l'économie britannique à ces bouleversements :
Bref, les conséquences pour les Britanniques de la dévaluation liée au Brexit ont été nulles, à l'exception du seul impact inévitable lors d'une dévaluation : le pouvoir d'achat des touristes Britanniques a l'étranger a diminué, ce qui paradoxalement risque surtout d'affecter l'économie Espagnole qui dépend beaucoup du tourisme britannique.
Alors bien sûr, pour l'instant les anglais sont encore en Europe, et je ne suis pas sûr qu'une sortie du marché unique leur réussisse beaucoup à long terme, mais c'est quand même bon de rappeler les faits pour ne pas se laisser intoxiquer le cerveau par des Madame Irma catastrophistes.
Fait intéressant, en écrivant ce billet j'ai cherché des articles qui analyseraient les conséquences du Brexit : maintenant qu'on a un an de recul sur le référendum on peut commencer à étudier ce qui s'est passé. Et à mon grand désespoir, je n'en ai trouvé aucun ! Quand je recherche «Brexit consequences» dans Google, tout ce sur quoi je tombe, ce sont des articles de l'année dernière annonçant les catastrophes à venir en cas de victoire du «Leave» au référendum, ou des articles, plus récents, prédisant le chaos qui s’abattra sur l'Angleterre lorsque la sortie de l'Europe sera entérinée, mais pas un seul «économiste» ne fait sont travail d'économiste en étudiant ce qui ce passe vraiment. Alors oui je peux comprendre que c'est plus cool de faire des prévisions sur un coin de table et d'annoncer la fin du monde avec un air sûr de soi que de se taper des litanies des chiffres d'agences de statistiques pour comprendre le monde, mais c'est ça votre travail les gars ! Vous êtes économistes ou piliers de comptoir de bar PMU ?
Edit: je précise que je n'ai aucune sympathie pour Mme Marion (dite Marine[1]) Le Pen, ni pour son «programme» qui est un ramassis de démagogie populiste. Je suis juste en rogne contre les «économistes» qui font de la pseudo-science dans les médias.
[1] oui c'est un pseudonyme, c'est ma découverte de la semaine dernière donc je fais partager.
Globalement tout le monde est d'accord avec le fait que la politique Allemande en Grèce est catastrophique et qu'elle ne mène nulle part, pour autant le graphe en début d'article est trompeur :
L'économie grecque était une bulle gonflée par de la dette pas chère et abondante, elle ne reviendra probablement pas au niveau d'avant la crise avant de nombreuses années tout simplement parce que le niveau d'avant la crise était anormalement haut.
Ceci étant dit, les allemands sont de dangereux fanatiques pyromanes …
La faiblesse de la croissance européenne est inquiétante. La « monnaie hélicoptère », à savoir la distribution d’argent par les banques centrales aux ménages, entreprises ou États, est-elle une solution ?
Je suis en effet favorable à une telle option, même si je préfère parler de « money-financed fiscal stimulus » : de financement monétaire de la relance budgétaire. Cela permettrait de soutenir efficacement la demande.
Bien sûr, le sujet est particulièrement tabou en Europe, notamment en Allemagne, où il réveille le spectre de la République de Weimar et des excès de la planche à billets dans les années 1920, qui avait conduit à l’hyperinflation. Nombre d’observateurs redoutent qu’une fois activée, les gouvernements abusent de la monnaie hélicoptère, par exemple pour distribuer des faveurs avant les élections, et que cela ne provoque de l’inflation.
Mais même si un tel financement monétaire serait difficile et délicat à mettre en œuvre, je suis convaincu que nous pourrions créer une architecture et des règles limitant les risques d’abus. Le pouvoir de déterminer la quantité de financement monétaire raisonnable pour stimuler l’activité sans générer de l’inflation pourrait par exemple être confié aux banques centrales indépendantes des États. D’autres options sont imaginables.
Comme quoi l'idée commence enfin à faire son chemin, c'est pas trop tôt !
Non mais faut pas chercher hein, la baisse de l'euro par rapport au dollar c'est juste pour m'emmerder parce que je pars aux US dans un mois.
Il y a quelques années , la livre Sterling s'était cassé la gueule (-15%) entre le moment ou je suis arrivé en Angleterre (où j'ai donc dû acheter des £) et le moment où j'en suis parti (après avoir gagné un salaire, j'ai donc du vendre des £).
Je suis maudit avec les fluctuations des devises c'est tout …